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Percevoir son corps différemment

Athlétisme Québec

Percevoir son corps différemment

Par Juliette Maurin et Sophie Labossière

 

Peut-être avez-vous commencé à vous regarder régulièrement dans le miroir pour observer votre corps ? Peut-être que vous vous dites qu’il faudrait que vous perdiez un peu de poids pour être capable de mieux performer ? Vous vous reconnaissez ? Le but de cet article est de vous expliquer la nature de ces pensées et de vous partager quelques stratégies visant le développement d’une relation bienveillante envers l’alimentation et son corps.

 

La recherche montre que les attitudes et comportements alimentaires dysfonctionnels (ACAD) sont bien présents chez les athlètes, particulièrement dans les sports mettant l’accent sur la minceur, tels que les sports esthétiques, les sports d’endurance, les sports à catégorie de poids ou influencés par la gravité (ex. : saut en hauteur). Les ACAD sont proches des troubles du comportement alimentaire (ex. : anorexie mentale, boulimie), notamment par les préoccupations envahissantes concernant le corps et la perturbation des comportements alimentaires, mais s’en distinguent par l’intensité, la gravité et la persistance nécessaires à l’établissement de diagnostics. Les pressions sociales concernant le corps et l’alimentation (valorisation pour un type de corps mince pour les femmes et musclé pour les hommes) seraient liées à une moins grande satisfaction corporelle et plus d’ACAD. Aussi, pour plusieurs athlètes, le corps idéalisé dans la société peut entrer en contradiction avec le corps idéalisé dans l’environnement sportif, pouvant favoriser l’insatisfaction corporelle et les ACAD. Ainsi, de nombreux athlètes (quelle que soit leur identité de genre) peuvent présenter certains symptômes reliés aux ACAD, qui ne sont pas toujours sans risque.

Tout d’abord, plusieurs symptômes peuvent apparaître et s’intensifier rapidement. On peut noter des symptômes d’ordre comportemental (ex. : manger ou bouger secrètement), physique (ex. : fractures de stress) ou psychologique (ex. : insatisfactions corporelles), susceptibles d’évoluer en trouble du comportement alimentaire.

Ensuite, les ACAD peuvent créer un décalage entre l’apport énergétique (énergie consommée) et l’énergie dépensée, amenant une énergie insuffisante pour soutenir les fonctions du corps et maintenir une santé et des performances optimales.

Ainsi, bien que les ACAD puissent modifier l’apparence du corps temporairement et parfois favoriser les performances à court terme, des symptômes physiques et mentaux peuvent rapidement apparaître et nuire au fonctionnement normal.

 

Plusieurs stratégies peuvent aider à retrouver une relation plus douce avec le corps et l’alimentation. Comme nous l’avons vu, la société et l’environnement sportif dans lesquels nous évoluons peuvent parfois nous amener progressivement à développer un jugement négatif envers notre corps. Prendre conscience du discours que l’on porte sur notre corps peut être une première étape au développement d’une relation saine avec celui-ci. Vous pourriez ensuite, par exemple, laisser libre cours à votre imagination pour donner un nom (ex. : les pensées du mauvais corps) à votre discours pour vous rendre compte que ces pensées ne sont pas vraies et vous rappeler que ce ne sont que des pensées !

Ensuite, les réseaux sociaux sont souvent inondés de publicités ou de photos, nous laissant croire que notre corps devrait être plus mince ou plus musclé. Alors, faites le ménage et nourrissez-vous des pages ayant des contenus bienveillants envers l’apparence corporelle (ex. : Équilibre).

Finalement, portez votre attention sur les capacités de votre corps plutôt que son apparence ; reconnaissez que la composition corporelle requise pour une performance optimale n’est pas la même pour tous les athlètes et évitez ou limitez les pesées et les commentaires sur le corps ou l’alimentation.

Et si maintenant on parlait des corps différemment ?

 

Auteures :

Juliette Maurin*, étudiante au doctorat en psychologie clinique

Sophie Labossière*, psychoéducatrice, candidate au doctorat en psychoéducation

*membres étudiantes de l’Association canadienne de psychologie du sport

 

Références :

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