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Historique des records québécois en plein air: les records séniors féminins

Athlétisme Québec

Historique des records québécois en plein air: les records séniors féminins

Par Denis Poulet, responsable du Comité des records

Montréal - Troisième et dernier article sur l'évolution des records du Québec au cours des dernières décennies. Aujourd'hui, les records séniors féminins.

100 mètres

On ne compte que trois titulaires du record au cours des 50 dernières années, mais elles ont eu une prédécesseure de grande classe. Le 2 août 1932,  la Montréalaise Hilda Strike gagnait en effet la médaille d'argent aux Jeux olympiques de Los Angeles en 11,9 s, le même temps que la gagnante. Ce chrono égalait alors le record du monde, mais, pour des raisons qu'on ignore, il ne fut pas homologué. On peut considérer que c'est quand même le premier record du Québec connu au 100 m féminin, et tout un!

En 1969, Joan Hendry, d'origine écossaise et Québécoise d'adoption, établissait le record à 11,6 aux premiers Jeux du Canada, à Halifax. Huit ans plus tard, Chantal Desrosiers (photo en titre), à l'âge de 16 ans, devenait la première détentrice du record électrique en 11,83, chrono qu'elle améliora l'année suivante pour porter le record à 11,71. Ce record subsista 10 ans, jusqu'à ce que Julie Rocheleau le pulvérise en 11,13 dans une compétition en Californie (1988). Curieusement, on n'a aucune trace de performance qui serait située entre les deux records de 1978 à 1987. La marque de Rocheleau est toujours en vigueur.

200 mètres

On retrouve ici Joan Hendry (24,5 en 1969) et Chantal Desrosiers (23,90 en 1979, puis 23,60 en 1980). Ce 23,60, qui est d'ailleurs toujours le record du Québec junior, ne fut battu que 17 ans plus tard, par Philomena Mensah, d'origine ghanéenne, qui l'abaissa à 23,45. En 2009, Kimberly Hyacinthe s'empara du record grâce à un solide 23,26 en qualification des Jeux de la Francophonie à Beyrouth, auquel elle retrancha 9 centièmes le lendemain quand elle remporta la médaille d'argent de l'épreuve. Hyacinthe devait améliorer le record à quatre reprises en 2013, pour le fixer définitivement à 22,78 quand elle remporta le 200 m des Jeux mondiaux universitaires à Kazan, en Russie.

400 mètres

Au début des années 1970, la Jamaïcaine d'origine Yvonne Saunders, 18 ans seulement, était la vedette de l'athlétisme québécois, dominant aussi bien à la longueur, au pentathlon et au 400 m. Plus tard, elle se distinguerait aussi, après son déménagement en Ontario, au 800 m. Il reste qu'elle détint le record du Québec du 400 m pendant neuf ans, à 54,0. Ce n'est qu'en 1979 que Micheline Racette parvint à battre ce record, inscrivant le premier record électrique en 53,30. Ce record subsista une quinzaine d'années, jusqu'à ce que Christine Slythe se l'approprie (53,11 en 1984). L'année suivante, Rosey Edeh, qui n'avait que 18 ans, le porta à 53,01. Elle ne fit mieux sur le tour de piste – elle s'était spécialisée entre-temps dans le 400 m haies – que sept ans plus tard, dans une compétition en Italie, où elle obtint un chrono de 52,39. Cette marque fut hors de portée pendant 23 ans. Le 17 mai 2015, Audrey Jean-Baptiste brisait la barrière des 52 secondes, chronométrée en 51,93.

800 mètres

Le grand bond en avant dans cette épreuve fut celui de Francine Gendron, l'excellente coureuse de demi-fond des années 1970. Gendron a en effet abaissé le record de presque 7 secondes, le faisant passer de 2:11,4 (Marguerita Hess en 1971) à 2:04,6 en 1975. Elle le porta à 2:01,8 en 1978, puis Christine Slythe réalisa un formidable 2:00,4 en 1984 lors d'une course mixte dans une compétition au crépuscule. C'était cependant là des chronos manuels.

Renée Bélanger fut la première à inscrire un record électrique, soit 2:01,56 en 1985. Ce record tint 26 ans. Le 1er juillet 2011, Lemlem Ogbasilassie, d'origine érythréenne et Québécoise depuis 2003, battait enfin le record, l'abaissant à 2:01,23.  À peine un mois plus tard, elle le portait à 2:00,85, puis, en 2012, à 2:00,82. On pourra dire que Slythe et Ogbasilassie sont venues vraiment tout près de briser la barrière des 2 minutes.

1500 mètres

Barbara Hill, la sur de Dave Hill, fut une pionnière en s'attaquant au 1500 mètres au début des années 1970, alors que l'épreuve venait tout juste de s'ouvrir aux femmes. Elle établit le premier record en 4:43,6, marque que Marguerita Hess abaissa à 4:30,0 dès l'année suivante (1971). Puis Francine Gendron s'en mêla et fit entrer le record dans une ère plus moderne avec 4:13,4 en 1979. Ce record dura 15 ans. Le 29 juillet 1994, à Victoria, Mélanie Choinière obtint un chrono électrique de 4:13,21, puis, une semaine plus tard, porta le record à 4:11,56. Elle franchit la barrière des 4:10 deux ans plus tard en 4:09,72. C'est le record actuel, qui a maintenant 22 ans.

3000 mètres

Jacqueline Gareau n'a pas été qu'une brillante marathonienne. Elle a aussi excellé sur piste, devenant même la première détentrice du record du 3000 m en 9:38,5 (en 1979). Deux grandes coureuses lui ont succédé, Lizanne Bussières et Carole Rouillard. La première a battu le record quatre fois en 1982 et 1983, la seconde a fait de même de 1985 à 1988.  Rouillard a été la première sous les 9 minutes (8:59,15 en 1986), mais Bussières lui a ravi le record en 1989 avec 8:52,69. Quatorze ans plus tard, dans une compétition de la Golden League à Zurich, Émilie Mondor obtenait un chrono de 8:44,53. C'était très fort : aucune Québécoise n'a couru en moins de 9:30 depuis ce temps.

5000 mètres

En une quinzaine d'années (de 1988 à 2003), le record a progressé de presque 45 secondes. Et il était relativement fort au départ, avec Lizanne Bussières à 15:44,16. En fait, elles ne sont que trois Québécoises à avoir couru la distance en moins de 16 minutes. En 1989, Carole Rouillard a ravi le record à Bussières (15:37,8), mais la suite appartient tout entière à Émilie Mondor et se concentre sur une seule année : 2003. Cet été-là, Mondor a battu le record cinq fois, pour finalement fracasser le mur des 15 minutes aux Championnats du monde à Paris quand elle s'est qualifiée pour la finale en 14:59,68. Elle s'est classée 12e en finale en 15:02,36.

Demi-marathon

Deux noms seulement : Odette Lapierre (1:13:38 en 1985) et Carole Rouillard (1:12:29 en 1987). Jacqueline Gareau est venue bien près de battre le record de cette dernière en 1989, mais il lui manquait 40 secondes.

Marathon

Ellen Rochefort fut la première Québécoise à courir le marathon en moins de 3 heures (2:52:24 à Ottawa en 1978). Le reste de l'histoire se résume à l'extraordinaire progression de Jacqueline Gareau de 1979 à 1983. Elle est passée de 2:47:58 à 2:29:28, améliorant le record à sept reprises. Elle est la seule Québécoise à avoir couru les 42,2 km en moins de 2:30.

Marche

Le Québec a produit d'excellentes marcheuses du début des années 1980 jusqu'à 2005. Micheline Daneau a multiplié les records de 1981 à 1986, aux 5000 et 10000 m marche sur piste, ainsi qu'aux 10 et 20 km marche sur route. Pascale Grand s'est ensuite distinguée vers la fin de cette décennie : en 1990, elle détenait les records du 5000 m marche (21:52,95), du 10 000 marche (46:23,80) et du 10 km marche (47:02). Tina Poitras lui a brillamment succédé, améliorant six fois le record du 10 km marche sur route de 1991 à 1995. En 2003, Marina Crivello éclipsait le record du 20 km marche de Micheline Daneau grâce à un chrono de 1:43,08; elle a finalement porté le record à 1:40:13 le 7 mai 2005 à la Coupe panaméricaine de marche au Pérou.

100 m haies

L'histoire appartient surtout à Julie Rocheleau qui, à compter de 1982, a amélioré le record sept fois, le faisant passer de 14,19 à 12,78 en 1988. Seule Jessica Zelinka, au moment de son séjour de trois ans au Québec, s'est approchée de ce record (12,83 en 2014). Sonia Paquette est ensuite la plus proche (13,11 en 1996).

400 m haies

Ici aussi, un gros nom domine, celui de Rosey Edeh, mais il ne faudrait pas oublier la pionnière Francine Gendron dans les années 1970 (58,23 en 1977) ni Christine Slythe dans les années 1980, qui fut la première sous les 57 secondes (56,32 en 1984). Edeh a ensuite fait passer le record dans « la cour des grandes », l'abaissant de 56,26 en 1988 à 54,39 en 1996 quand elle s'est classée 6e en finale des Jeux olympiques d'Atlanta. C'est toujours le record du Québec... et du Canada.

3000 m steeple

Introduit peu avant la fin du siècle dernier, le 3000 m steeple féminin n'a guère attiré les bonnes coureuses québécoises de demi-fond dans les premières années. Lise Ogrodnick fut la première à établir un record digne de mention, soit 10:39,73 en 2006. Ce n'est que huit ans plus tard que s'est manifestée la première véritable spécialiste de la discipline, Jessy Lacourse (10:37,13 en 2014), bientôt rejointe par Catherine Beauchemin (10:18,60 en 2016). Depuis, les deux coéquipières au CAUL s'échangent le record, Lacourse détenant la marque actuelle à 10:09,66 (2017).

Hauteur

La qualité des sauteuses en hauteur québécoises ne peut se comparer à l'excellence de leurs homologues masculins, mais quatre noms émergent de l'historique à un niveau respectable. Anne Filion fut la meilleure des années 1970, avec un sommet à 1,80 m en 1976 (qui ne fut cependant pas homologué comme record). Carol-Ann Leslie au début des années 1980 et Nathalie Belfort dans les années 1990 ont ensuite toutes deux atteint 1,82 m. Pendant 20 ans, ce record ne bougea pas. Mikella Lefebvre-Oatis a finalement réussi à s'envoler plus haut en 2017, et deux fois plutôt qu'une (1,85 m le 1er avril et 1,86 m le 1er août).

Perche

Trois noms seulement dans cette épreuve somme toute assez récente. Élyse Ménard fut la pionnière, ouvrant le livre des records à 2,80 m en 1997 et progressant jusqu'à 3,80 m en 2002. Puis Gabriella Duclos-Lasnier entra en scène : encore d'âge juvénile, elle grimpa à 3,91 m (2005). Au cours des cinq années suivantes, elle ajoutera graduellement des centimètres au record, qu'elle élèvera à 4,36 m en 2009. Mélanie Blouin a pris la relève brillamment en 2012, battant le record en 2012 (4,40 m deux fois), puis le portant à 4,50 m en 2015.

Longueur

À la fin des années 1960, Joan Hendry était l'une des meilleures sauteuses au Canada. Elle fut la première à franchir 20 pieds (6,09 m), s'appropriant le record national (et québécois) en vertu d'un bond de 6,11 m à Winnipeg en 1967. En 1970, elle portera ce record à 6,28 m en remportant la médaille de bronze aux Jeux du Commonwealth en Écosse, son pays natal, mais comme elle résidait maintenant à Ottawa, ce ne pouvait être un record du Québec. Entre-temps, avait émergé Yvonne Saunders qui, à 18 ans, remporta la longueur des Championnats de l'Est du Canada de 1970 à Halifax en atterrissant à 6,22 m (et en battant Joan Hendry). La suite appartient à Carole Galloway qui, 13 ans plus tard, ajouta 4 cm au record de Saunders. Galloway l'améliora encore deux fois, avec 6,27 m en 1984, puis un formidable bond de 6,46 m le 31 mai 1985 à Austin, au Texas.

Triple saut

Après le premier record timide de Marie-Christine Noiseux en 1988 (10,77 m), Simone Lemieux prit les choses en main : elle lui ajouta plus d'un mètre en 1989, puis le fit progresser substantiellement encore trois fois pour le porter à 12,85 m en 1993. Depuis, ce record n'a pas bougé.

Poids

À 15 ans, Lucette Moreau s'appropriait le record sénior du poids en vertu d'un tir  à 12,21 m en 1971. Beryl Rodrigues, qui détenait le record antérieurement, le lui reprit la même année (12,40 m), mais Moreau revint plus forte en 1972 (12,76 m), puis porta le record à 14,38 m en 1973 et à 14,50 m en 1974. Elle poursuivit sa progression les années suivantes, mais une nouvelle venue était apparue sur la scène québécoise : Carmen Ionesco, venue de Roumanie avec son mari et entraîneur, et finaliste olympique au disque aux Jeux de Munich en 1972. À 24 ans, Ionesco entreprit de pousser le record québécois du poids beaucoup plus loin : 17,11 m  en 1975, puis 17,17 m en 1979. Ce record persista jusqu'en 2011. Julie Labonté le pulvérisa le 18 mars, atteignant 17,65 m. La même année, elle l'améliora quatre autres fois, le fixant à 18,31 m quand elle remporta le Championnat de la NCAA le 11 juin.

Disque

On a ici aussi un passage de flambeau de Lucette Moreau à Carmen Ionesco. Moreau régnait sur le disque québécois depuis 1971 et avait porté le record à 51,01 m en 1974 (à 18 ans), mais Ionesco, encore plus forte au disque qu'au poids, allait devenir la meilleure discobole québécoise et canadienne de tous les temps. Elle fut la première à franchir la ligne des 60 mètres (63,68 m le 28 mai 1975), tout juste avant Jane Haist, qui résidait et s'entraînait aussi au Québec (61,70 m le 16 juillet), puis elle atteignit 64,78 m en 1976.  C'est le record du Québec actuel, mais pas celui du Canada, car Ionesco n'était pas encore citoyenne canadienne à ce moment.  Athlétisme Canada lui reconnaît plutôt 62,72 m comme record national, réalisé le 23 août 1979 à Montréal. Quant à Lucette Moreau, son record personnel s'est arrêté à 58,58 m le 13 juin 1976 à Montréal. 

Marteau

Si ce n'était du record de 39,00 m que l'on a reconnu à Josée Morneau en 1994, on pourrait dire que l'historique du record québécois sénior du marteau se résume à une seule athlète. Le 7 août 1994, Michelle Fournier, qui n'avait que 17 ans, dépassait les 40 mètres pour la première fois (40,78 m). Les années suivantes, elle améliorera le record pas moins de 20 fois. Chaque année, elle progressait, battant le record à plus d'une reprise. En 1999, elle a franchi la ligne des 60 mètres avec 7 records au-delà. Le 4 juillet 2000, elle atteignait 64,46 m, le record actuel (et 44e performance mondiale cette année-là). La Fédération a cependant reconnu comme nouveau record un lancer de 65,63 m à Lethbridge, en Alberta, le 22 juillet 2000, mais le Comité des records a invalidé cette marque en 2012 après avoir découvert que cette performance avait été réalisée sur un terrain en pente descendante.

Javelot

Comme chez les hommes, il y a un historique d'ancien javelot et un historique de nouveau javelot. L'année charnière est cependant 1999 ici, alors que c'était 1986 du côté masculin. Comme chez les hommes aussi, les lanceuses québécoises de l'ancien javelot étaient d'un calibre supérieur à celles du nouveau. Louise Béland (49,90 m en 1975), Céline Chartrand (53,66 m en 1978 et 55,30 m en 1981), Monique Laprès (56,40 m en 1972), puis à nouveau Céline Chartrand (57,26 m en 1984, 59,46 m en 1985 et 59,76 m en 1987) ont détenu tour à tour le record du Québec et, même, dans le cas de Chartrand, le record du Canada.

En 1999, on a effacé tout ça pour repartir de zéro... et Dominique Bilodeau s'est imposée. Elle a établi le premier record à 47,96 m en 1999, puis l'a amélioré six fois pour le porter finalement à 53,63 m en 2005.

Heptathlon

La marque d'Annie Potvin établie en 1982 (5108 points), qui était aussi un record junior, a tenu le coup 23 ans comme record sénior (et c'est encore le record junior). Véronique Fortin l'a battu le 28 août 2005 aux Pays-Bas en totalisant 5254 points, mais Jessica Zelinka, lors de son séjour de trois ans au Québec de 2013 à 2015, l'a carrément mis hors de portée quand elle a remporté la médaille d'argent aux Jeux du Commonwealth de Glasgow en 2014 avec 6270 points. Zelinka a toutefois pour record personnel 6599 points, ancien record du Canada réalisé en 2012.

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