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Historique des records du québec en salle

Athlétisme Québec

Historique des records du québec en salle

Par Denis Poulet, responsable du Comité des records

En 2018, j'ai présenté un historique des records du Québec en plein air qui permettait de voir l'évolution des meilleures performances québécoises dans les épreuves actuelles de chaque catégorie depuis une cinquantaine d'années. Mes sources étaient nombreuses, je pouvais valider plusieurs records à partir de plus d'une source, je pouvais même suivre la progression de nombreux athlètes en termes de records, certains ayant amélioré des marques à plus d'une reprise au cours d'une même saison.

Je voulais faire la même chose pour les records en salle, mais je disposais de beaucoup moins de sources. L'historique qui résulterait de mes recherches risquait d'être à la fois moins profond et moins substantiel. J'ai cru pourtant qu'il valait la peine de déblayer le terrain pour offrir à la communauté athlétique une autre facette de son histoire.

Historique des records du Québec en plein air

Historique des records du Québec en salle – Hommes séniors

Historique des records du Québec en salle – Femmes séniors

Historique des records du Québec en salle – Hommes U20

Historique des records du Québec en salle – Femmes U20

Historique des records du Québec en salle – Garçons U18

Historique des records du Québec en salle – Filles U18

Historique des records du Québec en salle – Garçons U16

Historique des records du Québec en salle – Filles U16

Historique des records du Québec en salle – Garçons U14

Historique des records du Québec en salle – Filles U14

 

Comme l'historique des records en plein air, l'historique des records en salle n'inclut que les épreuves actuelles admissibles aux records et exclut la catégorie U23 (introduite en 2016 seulement). Le programme des épreuves a beaucoup varié au fil des décennies, surtout dans les catégories les plus jeunes (benjamins et cadets), ce qui fait que certaines épreuves ne sont pas très garnies. Quelques records sont par ailleurs désespérément tout seuls (un seul record consigné), marques parfois établies il y a très longtemps et jamais battues depuis, comme les 47,70 s de Bruce Roberts au 400 m sénior (1978).

Vieux records

D'autres records actuels datent de plusieurs décennies. Si l'on exclut certaines épreuves comme le 50 m et le 50 m haies, qui ne sont plus guère disputées, on peut mentionner, chez les hommes séniors, les records de Bruny Surin au 60 m (6,45 s en 1993) et au 200 m (20,66 s en 1998), d'Alexandre Marchand au 300 m (33,40 s en 1999) et au 600 m (1:17,26 min en 2000), de Guillaume Leblanc au 5000 m marche (18:53,25 min en 1988), de Charles Lefrançois à la hauteur (2,30 m en 1998), de François Thénault à la perche (5,50 m en 2001), d'Edrick Floréal au saut en longueur (7,98 m en 1989) et au triple saut (17,14 m en 1989), et de Bruno Pauletto au poids (20,02 m en 1980).

Charles Lefrançois du Canada participe à une épreuve de saut en hauteur aux Jeux olympiques d'Atlanta de 1996. Photo : Claus Andersen

Chez les femmes séniors, les plus vieux records actuels appartiennent à Christine Slythe au 600 m (1:28,13 min en 1984) et au 1500 m (4:21,28 min en 1986), Lizanne Bussières au 5000 m (16:12,8 min en 1988), Tina Poitras au 3000 m marche (12:57,94 min en 1992), Nathalie Belfort à la hauteur (1,81 m en 1997), Simone Lemieux au triple saut (12,84 m en 1993) et Julie Rocheleau au 60 m haies (8,01 m en 1989).

De belles progressions

Cela ne signifie pas que l'athlétisme en salle québécois n'a pas évolué. En demi-fond masculin par exemple, on relève une intéressante progression depuis les beaux jours de Dave Hill dans les années 1970. En 1971, Dave courait le 1500 m en 3:55,7 min. Ce record a été amélioré six fois (au moins), dont les quatre dernières par Charles Philibert-Thiboutot jusqu'à ce qu'il le porte à 3:39,36 min en 2017. On a pareille évolution au mille (de 4:12,1 min en 1970 à 3:55,33 min en 2017) et au 3000 m (de 8:49,3 min en 1970 à 7:53,21 min en 2020).

Du côté féminin, les progressions les plus notables se retrouvent au 800 m (de 2:05,8 min par Francine Gendron en 1978 à 2:00,93 min par Maïté Bouchard en 2020), au 1000 m (de 2:45,3 min par Francine Gendron en 1982 à 2:38,77 min par Laurence Côté en 2020), au 3000 m (de 9:23,9 min par Lizanne Bussières en 1983 à 9:16,41 min par Jessy Lacourse en 2019), au saut à la perche (de 3,50 m par Élyse Ménard en 1999 à 4,35 m par Mélanie Blouin en 2013), au saut en longueur (de 5,48 m par Joan Hendry en 1969 à 6,30 m par Tatiana Aholou en 2018) et au lancer du poids (de 12,66 m par Beryl Rodrigues en 1971 à 18,01 m par Julie Labonté en 2012).

Il faut souligner les progressions plus particulières de Maïté Bouchard au 800 m, qui a amélioré le record de la distance quatre fois en 2019 et 2020, de Gabriella Duclos-Lasnier, qui a battu cinq fois le record de la perche de 2007 à 2009, de Lucette Moreau, qui a repoussé les limites du poids à trois reprises entre 1974 et 1978, et de Julie Labonté qui a fait de même dans la même épreuve de 2011 à 2012.

Chez les juniors

Chez les juniors, on relève une succession intéressante au 1000 m avec pas moins de six titulaires du record masculin depuis 1982, soit de Stephen Beauregard (2:30,7 min) à Alex Bussières (2:23,75 min), en passant par Brian Franklin (2:30,0 min), Jean-Nicolas Duval (2:28,85 min), Achraf Tadili (2:26,19 min) et Olivier Collin (2:25,77 min). On note aussi la bonne progression de Maxime Haran au marteau 25 lb, où il a battu le record quatre fois (en 2007 et 2008) avant de se le voir ravir par Cédric Rolland en 2020 (20,74 m).

Alain Métellus a vraiment été un athlète prodige. Son record junior de 2,28 m au saut en hauteur, qui est aussi le record canadien actuel, a maintenant 37 ans. C'était deux ans après son record juvénile de 2,20 m (1982), lui aussi jamais approché depuis.  

Les filles juniors qui se sont le plus illustrées sont Clémence Paiement, qui a d'abord abaissé le record du 60 m à 7,49 s en 2012 pour le porter l'année suivante à 7,45 s, puis à 7,40 s, Annie Leblanc, qui a battu trois fois le record du 600 m de 2008 à 2010 et deux fois celui du 800 m (2010 et 2011), Gabriella Duclos-Lasnier, qui s'est approprié le record de la perche en 2005 (3,62 m) et l'a hissé à 4,08 m avant qu'Ariane Beaumont-Courteau ne le lui ravisse en 2009 (4,17 m).

Mentionnons aussi les belles envolées de Tatiana Aholou à la longueur : le 12 mars 2016, Emanuelle Massé égalait le vieux record de Carole Galloway (6,00 m en 1983), mais le 26 novembre de la même année, Tatiana lui ajoutait 1 cm (6,01 m), puis le portait à 6,13 m le 13 janvier 2018 et enfin à 6,30 m le 10 mars 2018.  Cette dernière marque est toujours le record junior, U23 et sénior.

Au poids, Julie Labonté a battu le très vieux record de Lucette Moreau (1975) le 14 février 2009, le portant de 15,60 m à 16,01 m, puis à 16,02 m moins d'un mois plus tard, et enfin à 16,22 m le 5 décembre.

 

Solides marques chez les plus jeunes

Il y a en général moins de profondeur dans les catégories plus jeunes. On n'en relève pas moins de très vieux records, et plusieurs athlètes qui accéderaient au niveau international plus tard ont déployé leurs talents précocement en accumulant les records.

L'un des plus anciens records du Québec, et sans doute l'un des plus remarquables avec celui du 400 m sénior mentionné au début de cet article, est celui du triple saut chez les juvéniles, uvre de Richard Lacombe, qui a atteint 14,95 m le 2 mars 1974 à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, aux Championnats en salle de l'Est du Canada. Cette performance est tout juste à la porte du top 10 québécois de tous les temps, toutes catégories confondues (10e place à 14,97 m). Aucun Québécois d'âge juvénile n'a fait mieux depuis. Richard atteindra 15,33 m en 1976, alors record junior et sénior, et 5e performance de tous les temps.

Dès 1975, Guillaume Leblanc annonçait la couleur en établissant un record cadet au 1500 m marche (7:20,3 min); ce record sera battu par François-Xavier Bérubé en 1993 (7:07,63 min). Guillaume sera par ailleurs le premier juvénile à descendre sous les 13 minutes au 3000 m marche (12:59,6 min en 1979); ce record sera amélioré trois fois par la suite, dont deux fois par Marek Adamowicz, qui détient le record actuel à 12:41,77 min depuis 2013.

Stephen Beauregard est un autre athlète digne de mention. Ses records cadet et juvénile au 800 m, qui remontent à 42 et 41 ans respectivement, ont tenu le coup jusqu'à aujourd'hui. Quel cadet pourrait faire mieux que 1:57,3 min, quel juvénile mieux que 1:53,71 min? On les attend encore.

Hank Palmer est toujours le titulaire du record du 60 m benjamin (7,36 s en 1998). La même année, il établissait le premier record du 150 m (19,35 s). Chez les juvéniles, son record de 21,76 s (2002) est encore en vigueur. 

Kimberly Hyacinthe a détenu un temps le record du 60 m juvénile (7,58 s en 2006), tandis que ses records de 24,29 s au 200 m (2006) et de 39,52 s au 300 m (2006) sont toujours imbattus. En 2004, elle avait inscrit un nouveau record cadet au 200 m (25,77 s), qui ne fut surpassé qu'en 2015 par Deondra Green (25,29 s). Même scénario au 300 m, où Kim s'est approprié le record en 2004 (40,80 s) pour se le voir ravir par Deondra en 2015 (40,63 s).

Annie Leblanc en est une autre qui s'est illustrée dès l'âge cadet au chapitre des records. Elle s'est emparée du record du 300 m en 2006 (1:39,09 min) pour le porter à 1:33,75 min en 2007; c'est le record actuel. Chez les juvéniles, elle a poursuivi sa progression dans la même épreuve : 1:33,75 min en 2008, puis 1:32,70 min en 2009, record actuel. Par ailleurs, elle battait, en 2009, le record de Carole Rouillard au 1000 m (2:53,3 en 1977) en 2:52,09, marque toujours à battre.

Puisqu'il est question de Carole Rouillard, cette grande figure de l'athlétisme québécois, mentionnons qu'elle détient toujours, chez les juvéniles, le record du 800 m (2:11,8 en 1977).

Autres jeunes précoces

Au cours des deux dernières décennies, quelques jeunes ont manifesté beaucoup d'ambition (et de talent) très tôt en améliorant à plusieurs reprises le record du Québec dans l'une ou l'autre discipline. C'est le cas de Clémence Paiement, dont on a mentionné la belle séquence des records juniors au 60 m précédemment, qui avait brillé chez les benjamines en 2007 et 2008 en faisant passer le record de 7,86 s à 7,79 s, puis à 7,76 s et enfin à 7,64 s. Emanuel Désilets a fait de même au 60 m haies chez les benjamins, poussant le record de 9,50 s à 9,31 s, puis à 9,22 s et à 8,95 s en 2016.

Catherina Blouin-Thérencier s'est illustrée au marteau 12 lb durant son passage chez les cadettes, améliorant le record à quatre reprises (de 16,30 m à 19,27 m) en 2016 et 2017. Miranda Tcheutchoua a elle aussi repoussé les limites de cette discipline (mais au 16 lb) chez les juvéniles avec trois records successifs en 2017 et 2018 : d'abord 15,54 m, puis 18,64 m et enfin 19,86 m, record canadien actuel.

Les plus prolifiques

En 2018, j'avais trouvé intéressant de savoir quels étaient les athlètes les plus prolifiques de notre histoire au chapitre des records en plein air, toutes catégories confondues. La lanceuse Michelle Fournier trônait au sommet de ce palmarès avec un total de 29 records de 1992 à 2000. Une autre lanceuse, Lucette Moreau, suivait avec 22 records, devançant la perchiste Gabriella Duclos-Lasnier (20).

En salle, c'est la sprinteuse Kimberly Hyacinthe qui domine avec 12 records : six chez les séniors, un chez les juniors, trois chez les juvéniles et deux chez les cadettes. Une autre sprinteuse, Clémence Paiement, suit avec 11 records, puis la perchiste Gabriella Duclos-Lasnier avec 10. Ils sont trois à huit records : Charles Philibert-Thiboutot, Bruny Surin et Carole Rouillard.

Les hauts lieux des records du Québec en salle

Où bat-on le plus souvent les records du Québec en salle? C'est à Montréal, avec 254 occurrences. Sherbrooke suit avec 112, puis Québec (80), Toronto (57), Boston (34) et Hanover (15). La piste rapide de l'Université de Boston a attiré pas mal de nos meilleurs coureurs et coureuses au cours des 10 dernières années. Mohand Zine Khelaf s'y est particulièrement illustré en y améliorant le record sénior du 800 m à quatre reprises de 2015 à 2020. Très peu de records du Québec en salle ont été établis en dehors de l'Amérique du Nord (Canada et États-Unis); on parle d'une douzaine tout au plus, sur un total de 661.

 

Toute information permettant d'enrichir cet historique est la bienvenue. Merci de me signaler toute erreur ou omission!

Un gros merci à mon collègue du Comité des records, Serge Turgeon, qui a saisi dans la base de données des records tous ceux que j'avais dénichés, et produit les listes en annexe à cet article. L'indice de longévité de chaque record est une donnée fort intéressante pour mesurer l'évolution de notre sport.   

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