La pratique sportive, tellement bénéfique pour le développement global des jeunes
Article par Sophie Labossière*, psychoéducatrice, Ph. D., chercheuse postdoctorale à la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif, Université Laval et Elijade Morissette Paré, étudiante au baccalauréat en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke
Très populaire, la course à pied est l’une des principales activités physiques et sportives pratiquées par les adolescents et les adolescentes à travers le monde. Alors que nous savons que le sport contribue à la santé physique des jeunes, sa pratique est aussi associée à une panoplie d’autres bienfaits.
En effet, la pratique sportive est reconnue pour contribuer au développement psychologique, social et cognitif des jeunes. À l’enfance et à l’adolescence, la pratique sportive contribue à l’estime, à la connaissance et au contrôle de soi, à la régulation des émotions, au bien-être psychologique et à moins de symptômes anxieux et dépressifs. Sur le plan social, elle favorise également la collaboration, la résolution de conflits, le travail d’équipe, l’esprit sportif, l’intégration sociale et une meilleure perception de ses compétences sociales. La pratique sportive est également reconnue pour favoriser le développement des habiletés cognitives (fonctions exécutives), telles l’attention et la planification, essentielles lors de la réalisation de tâches cognitives plus avancées comme la résolution de problèmes. Finalement, la pratique sportive favorise aussi la performance scolaire des jeunes, et ce, particulièrement lorsqu’elle est réalisée pendant les heures de classe.
Sans aucun doute, le sport semble bénéfique au développement global de nos jeunes. Toutefois, il y a lieu de se demander si certaines conditions sont nécessaires pour que la pratique sportive entraîne ces effets positifs. D’abord, l’interaction avec les pairs semble être un ingrédient essentiel pour obtenir ces bienfaits. Effectivement, il est reconnu que les expériences positives de pratique sportive organisée contribuent davantage au bien-être des jeunes, possiblement puisqu’elles permettent et favorisent la connexion et leur sentiment d’appartenance avec des pairs de leur communauté. La notion d’expérience positive est également centrale pour retirer des bienfaits de la pratique sportive. En effet, il est indispensable que celle-ci soit sécuritaire, car les blessures (p. ex., commotions cérébrales) et la violence interpersonnelle en contexte sportif (psychologique, sexuelle, physique et négligence) peuvent au contraire entraîner des répercussions négatives chez les jeunes, tels des symptômes anxieux et dépressifs, ainsi que des difficultés d’adaptation sociale et scolaire. Finalement, la spécialisation hâtive, soit le fait de s’entraîner de manière intensive dans un seul sport tout au long de l’année en jeune âge, parfois en coupant la pratique d’autres sports, peut aussi entraîner des risques d’épuisement (burnout) et de blessures chez les jeunes, en plus de limiter leurs possibilités d’acquérir des habiletés motrices diversifiées.
En bref, tous ces bienfaits soulignent l’importance du sport dans la vie des jeunes, et ce, dans diverses sphères. Toutefois, certaines conditions sont essentielles pour que le sport contribue à leur développement global. Si l’on prend la course à pied en exemple, les athlètes devraient, a priori, éprouver du plaisir à courir. Leur environnement devrait également être sain et sécuritaire, impliquant entre autres le soutien d’adultes bienveillants et la mise de l’avant du respect, de la collaboration et de la considération de l’avis des jeunes dans la prise de décisions. Enfin, leur pratique de la course à pied devrait aussi favoriser les occasions d’interactions entre coéquipiers et coéquipières, contribuant ainsi à leur développement de relations significatives.
Selon vous, devrions-nous ajuster certaines pratiques en course à pied ou en athlétisme afin de favoriser le développement global des jeunes ?
Auteures :
Sophie Labossière*, psychoéducatrice, Ph. D., chercheuse postdoctorale à la Chaire de recherche Sécurité et intégrité en milieu sportif, Université Laval
Elijade Morissette Paré, étudiante au baccalauréat en psychoéducation à l’Université de Sherbrooke
*membre étudiante de l’Association canadienne de psychologie du sport
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