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Michelle fournier: redonner et progresser

Athlétisme Québec

Michelle fournier: redonner et progresser

Par Fédération québécoise d'athlétisme

Notre contingent d'entraîneurs compte plusieurs anciens athlètes. On se dit souvent que c'est le cheminement le plus logique pour devenir un entraîneur mais ce n'est pas toujours le cas. Comment les anciens athlètes, de quelque niveau que ce soit, réussissent la transition vers le rôle d'entraîneur? Dans le cadre de la Semaine nationale de l'entraîneur, du 23 au 30 septembre, la FQA présente cinq anciens athlètes québécois qui ont fait le saut vers le rôle primordial d'entraîneur.

Certainement une de nos olympiennes les moins connues, Michelle Fournier participait aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. La lanceuse de marteau de Pierrefonds avait terminé au 23ème rang du tour préliminaire avec un jet de 59,15 mètres. Depuis l'été 2000, Michelle détient toujours le record québécois avec un lancer de 64,46 mètres. Quelques années plus tard, elle partait pour la France où elle avait trouvé un emploi et continua à lancer plus de 60,00 mètres jusqu'en 2005. En 2015, la Québécoise revient chez elle avec un autre lanceur, son mari Frédérick Pouzy. Depuis son retour, elle est entraîneure au club Corsaire-Chaparal.

Michelle, qu'est-ce qui t'a motivé, à ton retour au Québec en 2015, à t'impliquer comme entraîneur?

Honnêtement, je sais que quand j'étais jeune, les entraîneurs qui étaient là y étaient pour aider les jeunes. Je voulais redonner au même système qui m'a tellement aidé. J'avais Jean-Paul (Baert) et Robert (Lavoie) qui m'ont aidé quand j'étais jeune. Ils le faisaient avec bonne volonté et ils ont fait tellement d'efforts pour m'aider et ça m'a tellement apporté, je pense que c'est maintenant mon rôle d'aider d'autres jeunes à poursuivre dans les lancers.

Après ton départ du Québec pour la France, est-ce que tu envisageais de faire une carrière d'entraîneur là-bas?

Non. Je lançais encore un peu. Avec le travail, ça ne se faisait pas très bien. Je n'avais pas de voiture, j'étais un peu loin pour le travail. C'était plus compliqué. Mon mari (Fred) continuait à s'entraîner et on rentrait plus tard le soir. Mais à cette époque, les athlètes du club étaient des athlètes confirmés, et de niveau national très fort. Ce n'était pas des jeunes qui débutaient.

C'est vraiment quand tu es revenue ici que tu as choisi de devenir entraîneure?

Oui.

Est-ce que les jeunes que tu entraînes connaissent ton passé d'athlète?

Je pense que la plupart savent que j'ai été aux Jeux olympiques.

Est-ce que ça rend plus facile la communication des conseils? Sont-ils plus réceptifs?

J'ai une bonne équipe. Ce sont des jeunes qui veulent apprendre peu importe de qui ça vient, que ce soit un olympien ou non. Je pense qu'ils ont la volonté de s'améliorer. Ça doit aider un peu et ils font confiance à ce qu'on leur enseigne. Avec mon mari Fred qui lance toujours et qui est très bon, je pense que ça fait une bonne combinaison. On enseigne la même technique mais on peut le dire de différentes façons. 

Quel a été ton constat quand tu es revenue ici? As-tu trouvé une différence dans la mentalité des jeunes avec ton époque d'athlète?

Est-ce que ça a changé? Je ne sais pas. Aujourd'hui, les jeunes vont regarder des lanceurs sur Youtube et vont essayer de regarder la technique d'un seul coup. Et dans mon temps on avait pas ça. On avait le coach qui disait, on va travailler sur tel ou tel point. Ça fait une différence.

Est-ce que c'est un problème pour l'entraîneur de voir l'athlète comparer ce qu'il voit sur Youtube avec ce que l'entraîneur lui dit?

Non, je ne pense pas que c'est un problème. Il faut juste expliquer au jeune que ce qu'il voit c'est un athlète qui a certains attributs physiques et qui est plus loin dans son cheminement de carrière. On explique que nous on va travailler sur des points plus simples initialement et que dans les années à venir tu vas avoir la même technique. Mais il faut travailler sur les points de base en premier.

Ce qu'ils voient généralement, c'est un athlète de niveau international qui a plusieurs années d'entraînement derrière lui. Est-ce qu'il y a un danger pour le jeune de voir ça et de penser qu'il ne sera jamais capable de faire ça?

Exact. Chaque athlète est différent. Quand tu apprends, tu apprends les bases. Avec les années, quand tu deviens expert dans ton épreuve, tu auras tendance à faire les choses différemment selon tes qualités. Mais pour des jeunes de 13 à 17 ans, il faut apprendre les bases avant d'y mettre ta petite touche personnelle.

Est-ce que c'est difficile pour les entraîneurs quand les jeunes sont pressés et veulent avoir des résultats rapidement?

Ça, je dirais que c'est le truc qui a changé. Dans mes jeunes années, j'avais des objectifs pour les compétitions immédiates. Je voulais gagner la Légion, je voulais aller aux championnats canadiens juniors, etc. Aujourd'hui, j'entend des jeunes dire «je veux battre des records, je veux être champion», pensant qu'ils peuvent y arriver sans faire les étapes avant. C'est le phénomène de gratification instantanée. Je pense qu'il manque l'idée qu'il y a du travail derrière.

Pour revenir à ta vie d'athlète, quel est le moment clé où tu as cru pouvoir être une olympienne un jour?

Ouf! J'ai toujours rêvé d'être une olympienne quand j'étais jeune. Mais je savais qu'il y avait des étapes à faire. Je regardais les Jeux à la télé et je me disais, «je veux être là». La première fois que j'ai dit ça, j'avais 11 ans et je ne faisais même pas de sport! Ou je faisais d'autres sports et pas de l'athlé. J'ai pensé vraiment que c'était une possibilité quand j'ai commencé l'université. Après avoir gagné à la Légion et aux championnats juniors canadiens, je me disais que j'étais sur un chemin et que si je travaillais, je devrais y arriver. Là où ç'a vraiment déclenché, c'est quand je suis arrivée à l'université (en Caroline du Sud) et que le marteau est devenu une épreuve olympique. Ç'aurait été beaucoup plus compliqué et un chemin beaucoup plus long avec le disque qu'avec le marteau.

Qu'est-ce que ton expérience aux États-Unis t'a apporté?

Beaucoup. Je pense que je n'aurais pas été aux Jeux olympiques si je n'y étais pas allé. Ça m'a apporté une formation pour la vie à l'extérieur de l'athlétisme. Cela a payé pour mes études, pour mon bacc et ma maîtrise. Donc, ça aide beaucoup pour la vie. Malheureusement, le marteau ce n'est pas une carrière. Ça m'a apporté de la structure. Au plan technique ici, Jean-Paul était exceptionnel au poids et au disque mais c'était seulement deux ou trois fois par semaine. Quand tu entres dans le système universitaire, c'est cinq entraînements par semaine, un programme de musculation à suivre, une équipe plus grosse que ce que j'avais à Montréal. Donc, ça amenait tout un système de support pour l'athlète. Il y avait aussi un centre de soutien pour les études où on te trouvait des tuteurs pour t'aider à réussir. J'imagine que ça devient aussi comme ça au Canada, mais je n'ai pas vécu ce chemin-là. Si j'avais à imaginer des équipes canadiennes universitaires, je ferais la même chose.

Qu'est-ce que tu retiens aujourd'hui de ton expérience olympique?

Que c'était fabuleux! C'était un rêve. Un rêve d'enfant qui dit «je veux aller aux olympiques» et quand tu arrives là, tu participes aux cérémonies d'ouverture, ça ouvre vraiment les yeux. Est-ce que c'était stressant? Oui, c'était stressant et j'aurais préféré faire mieux. Mais en revenant, je me disais que j'étais dans les 30 meilleures au monde à ce moment-là. J'avais 23 ans.

C'est très jeune! Qu'aurait-il fallu faire pour que tu puisses continuer à lancer après à un niveau supérieur?

C'était un peu difficile. L'année d'après (2001), je me suis blessée au genou. J'ai continué pour les deux ou trois années suivantes, mais j'étais dans un mode où je transférais vers ma vie professionnelle. Les deux années après, je lançais bien (64,02m en 2002) mais je travaillais et je m'entraînais en même temps. Il faut une infrastructure qui permettent aux athlètes de continuer à lancer après les études. Le marteau n'est pas une épreuve où tu es payé pour faire des compétitions. Ce n'est pas comme les sprints où tu peux en vivre après les études.

En terminant, comment vois-tu ton engagement comme entraîneur à long terme et quels sont tes principaux objectifs?

Je vais continuer à entraîner les jeunes. Mon but c'est de les voir progresser. Progresser et leur montrer au moins le chemin que j'ai vécu pour m'améliorer. Parfois, c'est d'être un peu plus dure avec eux aux entraînements. L'entraînement, c'est pas juste du fun, il faut travailler. Il faut faire l'échauffement d'une façon plus disciplinée, il faut demeurer respectueux des autres, pour s'améliorer il faut se concentrer sur des points précis.

Merci Michelle, Même si on te remercie pendant la Semaine nationale des entraîneurs, on te remercie pour toute l'année!

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