Brent lakatos, athlète du mois de mai de la fqa
9 juin, 2015
Par Laurent Godbout
MONTRÉAL - Avec trois médailles d'or et une d'argent au Grand Prix international de Notwill, en Suisse, Brent Lakatos a démontré en mai qu'il était toujours aussi dominant sur la scène internationale du para-athlétisme. Ces excellentes prestations, à sa première compétition internationale de la saison, valent donc au coureur en fauteuil roulant de Dorval le titre d'athlète du mois de mai de la FQA.
Après avoir triomphé au 100 mètres T53 ainsi qu'au 400 m et décroché la médaille d'argent au 800 m, le para-athlète québécois en action chez les T53 a également dominé la course de 200 mètres à Notwill. De plus, il participait aux courses de 1500 mètres et 5000 mètres.
Nous l'avons joint à Loughborough, en Angleterre, où il s'entraîne, travaille et surtout vit avec son épouse Stefanie Reid, une sprinteuse et sauteuse en longueur amputée. «Je ne serais pas ici si je n'avais pas rencontré Stefanie.»
Tu ne t'ennuies pas trop du Canada? «Oui, un peu. Surtout de mes amis et de la poutine!»
Sérieusement, Brent Lakatos considère qu'il est dans une situation idéale d'athlète de haut niveau. Installé à Loughborough, ville universitaire anglaise, il est entouré d'athlètes de haut niveau. «Loughborough étant l'université du sport de Grande-Bretagne, environ 50% des athlètes d'élite du pays s'entraînent ici. Les installations, les services, la technologie du sport, tout est ici.» Lakatos, qui vient de célébrer ses 35 ans, ne bénéficie pas de tous ces services, mais il peut y accéder en passant par Athlétisme Canada. Il peut donc occasionnellement profiter des avantages du système canadien en sol britannique.
Les athlètes de haut niveau comme Brent ont rarement la chance de pouvoir continuer à travailler. «Après mon déménagement de Dallas, je travaillais pour la même entreprise, Daisy Brands. À Dallas, j'allais au bureau le matin de 6 heures à 10 heures, puis à l'entraînement de 10 à 2, et de retour au bureau de 2 à 6 heures le soir. C'était bien mais pas facile.»
Ingénieur informatique pour cette entreprise américaine de crème sûre et fromage cottage, il peut maintenant travailler à distance. «J'ai pas mal de flexibilité pour le travail. En revenant de ma compétition en Suisse la semaine dernière, je me suis remis au travail dès que je suis arrivé à l'aéroport et dans l'avion. Ici, à la maison, je profite du décalage horaire. Je peux aller m'entraîner le matin et débuter ma journée en début d'après-midi en même temps que tout le monde en Amérique du Nord.»
Lakatos apprécie cette situation unique. «Je préfère travailler à temps plein. Comme ça, je ne suis pas uniquement concentré sur le sport et j'ai d'autres préoccupations que l'entraînement. Je connais trop d'athlètes qui stressent et se brûlent mentalement à trop penser à leur sport.»
Es-tu satisfait de tes résultats pour la compétition à Notwill? «Oui, c'est bien pour moi. J'ai commencé l'année par un camp d'entraînement avec l'équipe canadienne à Daytona, en Floride, et je n'avais fait qu'une seule compétition ici en Angleterre en mai. Je suis content pour la plupart de mes temps à Notwill. En plus des épreuves de 100, 400, 800, j'espérais me qualifier pour les Jeux parapanaméricains au 1500 mètres. Dans cette épreuve, il y a beaucoup plus de stratégie et de sillonnage (drafting). J'ai fait des progrès en endurance, et comme sprinter, je pensais pouvoir profiter de ma vitesse en fin de course, mais ça ne s'est pas passé comme j'aurais voulu au 1500. Nous étions dans des sections chronométrées et j'ai dû aller en avant car ma vague n'était pas rapide.»
Quels sont tes projets pour la saison 2015? «Je vais revenir au États-Unis pour essayer de me qualifier pour le 1500 mètres des Jeux parapanaméricains. Je dois faire sous les 3:04. Je sais que je peux le faire, mais il faudra la bonne course et les bonnes conditions.» Après les Jeux de Toronto, Brent se préparera pour les championnats du monde de para-athlétisme IPC qui ont lieu au Qatar en octobre.
Tout gagner!
Tu as remporté trois médailles d'argent aux Jeux paralympiques de Londres en 2012 et quatre titres mondiaux en 2013. Comment vois-tu les Jeux de 2016? «Je veux être meilleur, c'est certain! Après 2012, j'ai eu beaucoup de reconnaissance et j'ai maintenant plus de support que jamais auparavant. Ma soeur travaille à Montréal pour la firme ACASS, une entreprise spécialisée dans le domaine de la gestion des avions privés. ACASS m'aide depuis 2012 avec de meilleurs équipements et je pense que je peux faire mieux en 2016.»
En fait, Lakatos s'est à peine retenu de dire qu'il voulait tout gagner! «Je veux tout gagner du 100 au 800 mètres. Le relais est une autre possibilité. Je pense que les championnats du monde seront un bon passage pour atteindre ces objectifs.»
L'athlétisme paralympique a énormément changé depuis les débuts de Brent en 1996. «Il y a eu des changements majeurs dans notre sport. C'est beaucoup plus élite. À l'époque, les athlètes s'entraînaient l'hiver sur les rouleaux. Aujourd'hui, il y a des camps d'entraînement, des entraîneurs formés comme spécialistes du para-athlétisme. Le sport est mieux intégré à la fédération nationale d'athlétisme.»
Lakatos ajoute qu'il a senti aussi des changements importants dans la perception du public après les Jeux paralympiques de Londres en 2012. «Les jeux étaient diffusés ici sur Channel 4 et ils ont fait un très bon travail. En plus de diffuser toutes les épreuves, ils ont expliqué les disciplines et les catégories aux téléspectateurs. Cela a eu un gros impact en Angleterre. Il y a même des jeunes qui me reconnaissent dans les aéroports!»
Lakatos souhaite que les Jeux parapanaméricains puissent avoir un impact semblable sur la population au Canada. On verra bien à Toronto.