Entrevue avec une recordwoman inspirante : alice cole
4 mai, 2014
Par Josée-Anne Sarazin-Côté
MONTRÉAL - Il n'y a pas que Karine Belleau-Béliveau qui a commencé le 800 mètres il y a quelques années de cela. Alice Cole a commencé l'athlétisme il y a environ 10 ans. En avril dernier, elle a remporté trois médailles aux championnats du monde des maîtres en salle, à Budapest Hongrie. Si l'exploit de repartir avec 3 médailles est déjà quelque chose de gros, Mme Cole a fait encore plus. Elle maintenant détentrice du record du monde sur 800 mètres, dans sa catégorie. Oh, et fait à noter, Mme Cole a 80 ans.
Rencontrée à son retour d'Europe, la fatigue de la compétition et du décalage horaire ne semblait pas l'incommoder le moins du monde. Même qu'elle débordait d'énergie!
" Depuis quelques mois, mes temps s'améliorent toujours! Je ne sais pas trop comment expliquer ça... c'est peut-être que j'ai pris ma retraite en décembre? " Oui, vous avez bien compris. Mme Cole travaillait jusqu'à tout récemment. " Je suis arrivée dans cette entreprise après ma première retraite (rires). Je pensais faire ça pendant juste un an, pour m'occuper un petit peu... Je suis restée là 20 ans!"
Alice Cole commence à courir en 2004. Elle s'entraînait en gymnase avec quelques autres femmes, qui avaient entre 35 et 45 ans. Un jour, elles décident de faire une petite compétition amicale de course. Un des entraîneurs de l'endroit, Pierre-Élie Toussaint, remarque qu'Alice est vraiment dans le coup. Il lui conseille de débuter l'athlétisme.
Rapidement, elle se met à rafler toutes les médailles de sa catégorie, au Québec. Même dès sa toute première course! Lors de ses deux premières années, elle ne fait que de la course sur route, avec des 5 et 10 km. Oh et un demi-marathon, chose qu'elle ne refera jamais de toute sa vie. " J'ai détesté ça du début à la fin. Une chance que j'avais de l'orgueil parce, ouf, je ne sais pas si j'aurais fini. J'ai haï ça!" (rires)
En 2005, Alice Cole participe à ses premiers Mondiaux des maîtres, à Edmonton, où elle repart avec l'argent au cou, au 5 km.
Un an plus tard, en Autriche, elle prend part à ses toutes premières distances de demi-fond. Elle termine deux fois au pied du podium, en 4e place, au 800 et au 1500 mètres. Pas mal pour une nouvelle!
En 2007, elle établit son tout premier record canadien, au 800 mètres. Au fil des ans, elle ajoutera également celui du 200 m, 400 m et 5000 m. L'année dernière, elle aura non pas un, mais deux records du monde. Le premier au relai 4 x 800 mètres et le deuxième au 400 m.
Tout récemment, à Budapest, elle a eu l'or (et le record du monde) au 800 m, puis l'argent et le record canadien au 200 m et au 400m.
Mais quel est le secret de son talent? " Il n'y a pas vraiment de secret... Je mange bien, je bois beaucoup de smoothies aux fruits. Je bois mon verre de vin par jour et une bonne bière de temps en temps. Il doit y avoir une question de génétique aussi là-dedans, ma mère est décédée à 100 ans." On comprend un peu comment à 80 ans elle peut être autant en forme!
Son entraîneur, Dorys Langlois, explique le sérieux de sa démarche. " Alice est tout une athlète. Le défi dans la conception de ses plans d'entraînement n'est pas de la pousser, il faut la freiner! (rires) Tu sais qu'elle va tout faire ce que tu écris, alors tu dois parfois en mettre moins."
Et quand on lui demande si elle se voit comme une inspiration pour les autres, elle rougit. " J'adore la course, je pense que je ne pourrai jamais arrêter. Je ne réalise simplement pas que j'ai 80 ans. Pour moi, ce que je fais n'est pas exceptionnel, c'est simplement mon quotidien, que j'adore. Tant mieux si je peux en inspirer à bouger! Mais de là à être un modèle, ça me gêne... À Budapest, on m'a interviewée à la télé, je pensais mourir! (rires) Mais sinon, c'est super motivant. J'ai récemment été invitée dans une classe d'étudiants en kinésiologie à l'Université de Montréal et ils étaient tellement gentils, avaient plein de questions à me poser, c'était vraiment un beau moment."
Alice repartira à la conquête d'autres records et médailles cet été. Elle sera à surveiller notamment en juin, aux championnats canadiens des maîtres, à Toronto. Puis, l'an prochain, en France pour les mondiaux.
Si vous la croisez sur une piste cet été, de grâce, allez lui jaser. Inspiration garantie!