Le 100 meilleures performances québécoises de tous les temps selon la table internationale de cotation
4 décembre, 2017
Par Denis Poulet
Responsable du comité des records de la FQA
Qui sont les meilleurs de l'histoire? Dans le monde du sport, c'est une question à laquelle aiment bien répondre les amateurs. De leur côté, les spécialistes se prêtent au jeu volontiers, mais avec beaucoup de bémols. C'est qu'il n'y a aucune grille d'évaluation parfaite, surtout si on veut comparer des performances dans différents sports et dans différentes disciplines sur une longue période.
Certaines fédérations sportives internationales ont mis au point des systèmes de pointage complexes, comme le ski et le tennis. En athlétisme, épreuves combinées obligent, on a depuis longtemps conçu des tables de comparaison des performances, et même des barèmes plus complexes comme celui qu'utilise All-Athletics pour classer les athlètes au cours d'une même année.
À la fin de la décennie précédente, l'IAAF a abandonné le système de pointage complexe qui prenait en compte les performances elles-mêmes et les classements dans certaines compétitions de haut niveau pour ne retenir que les classements basés sur la meilleure performance. Dans cette dernière approche, il n'y a aucun classement interdisciplinaire ou général. L'IAAF a cependant changé son fusil d'épaule récemment en annonçant un nouveau système qui servira de barème de qualification pour les grands championnats et les Jeux olympiques.
Quoi qu'il en soit, la Table internationale de cotation de l'IAAF, édition 2017 me semblait un outil utile pour classer les 100 meilleures performances québécoises de tous les temps dans les épreuves en plein air, toutes épreuves confondues. Évidemment, je ne tiendrais pas compte d'autres éléments importants, comme les titres en championnat, les participations aux Mondiaux et aux Jeux olympiques ou la constance des hautes performances, mais j'ai cru bon de faire l'exercice, ne serait-ce que pour lancer le débat sur le classement de nos meilleurs athlètes.
En outre, ce n'était pas trop compliqué puisque je disposais de la liste des 10 meilleures performances québécoises de tous les temps dans chaque épreuve. Seul hic, il s'est avéré que, dans quelques épreuves, il fallait aller au-delà de la 10e performance. La 11e, 12e ou même 13e était susceptible de faire partie des 100 meilleures.
Voici le résultat de cette compilation. Tableau Top 100 des meilleures performances québécoises de tous les temps
- C'est sans surprise que l'on retrouve les 9,84 s au 100 m de Bruny Surin en tête de classement. Bruny dépasse ainsi largement les 1200 points. Seul Kwaku Boateng a atteint aussi le niveau des 1200 points, en vertu de son saut en hauteur à 2,34 m en 2000. Mais Bruny domine incontestablement puisque ses six autres meilleures performances au 100 m sont aussi à plus de 1200 points. À noter que Bruny compte deux autres performances dans le top 100 masculin : ses 20,21 s au 200 m en 1999 (7e place) et ses 8,03 m à la longueur en 1987 (20e place).
- Chez les femmes, la première place de Rosey Edeh n'est pas une surprise non plus, même si ses 54,39 s au 400 m haies en 1996 n'ont pas atteint les 1200 points. Cette performance est meilleure que les 12,78 s au 100 m haies de Julie Rocheleau en 1988. Tout comme Bruny, Rosey compte deux autres performances dans le top 100 : 52,38 au 400 m en 1992 (34e place) et 23,85 au 200 m en 1984 (98e place).
- Le 800 m et le 1500 sont les épreuves qui comptent le plus de performances, soit un total de 23 : au 800, on a 12 performances chez les femmes et 11 chez les hommes, au 1500 c'est 13-10. On pourrait en déduire que ce furent là les épreuves les plus fortes au Québec, mais soyons prudent, peu de Québécois ont émergé au niveau international dans ces épreuves : Charles Philibert-Thiboutot au 1500 (8e), Achraf Tadili au 800 (12e) et Dave Hill au 1500 (35e) sont pratiquement les seuls.
- Les cinq sauteurs en hauteur qui apparaissent dans les 30 premières performances du classement masculin étaient tous de calibre international, mais c'était au siècle dernier. Le saut en hauteur québécois est resté fort modeste depuis 2000.
- Qui a le plus de performances dans ces classements interdisciplinaires? Carole Rouillard domine avec cinq : au marathon (11e), au 10 000 m (22e), au 1500 m (46e), au 5000 m (52e) et au demi-marathon (55e). Un modèle de polyvalence dans l'excellence sur piste et sur route! Charles Philibert-Thiboutot, Alain Bordeleau et Jessica Zelinka ont chacun quatre performances.
- Les lancers ne sont guère représentés. Aucun lanceur de disque, de marteau et de javelot n'est présent, ni aucune lanceuse de marteau et de javelot. Il y a pourtant eu d'excellents lanceurs et lanceuses de javelot québécois, mais c'était à l'époque de l'ancien javelot... Ça ne compte plus aujourd'hui.
- Autres épreuves absentes : le décathlon masculin, le 20 km marche et le triple saut féminins.
- Le seuil le plus bas est à 1057 points chez les hommes, à 1050 chez les femmes. Pas un gros écart! Le niveau général serait ainsi légèrement plus faible du côté féminin.
- Le tableau ci-dessous montre la répartition des meilleures performances par décennie. La décennie la plus riche chez les hommes fut celle des années 1980, tandis que chez les femmes, c'est la décennie actuelle. Ce qui semble accréditer l'opinion que notre athlétisme féminin progresse davantage que son pendant masculin.
Hommes | Femmes | Total | |
1970 | 7 | 7 | 14 |
1980 | 30 | 36 | 56 |
1990 | 26 | 24 | 50 |
2000 | 24 | 11 | 35 |
2010 | 14 | 33 | 47 |
- Toutes les années depuis 1974 sont représentées dans les classements. L'année où l'on compte le plus de performances? 1988 avec 14. En seconde place, 2017 avec 13 (dont 11 du côté féminin). Oui, cette année! Réjouissant, non?