Mondiaux: mélanie myrand, 27e du marathon de l’extrême
28 septembre, 2019
Par Véronique Giroux
Le 27 septembre dernier, 11:59, a sonné le départ du marathon féminin dans le cadre des Mondiaux d'athlétisme à Doha, au Qatar. Les conditions climatiques accablantes ont causé un record d'abandons et de la souffrance chez les athlètes. Compte rendu d'une course particulièrement difficile.
Le premier titre des championnats mondiaux de marathon est revenu à la Kenyane Ruth Chepnegetich, 25 ans, en 2h32:43, ce qui s'avère le chrono le plus lent de l'histoire des mondiaux. La Bahreïnienne Rose Chelimo (2h33:46) et la Namibienne Helalia Johannes (2h34:15) arrivèrent respectivement en 2e et 3e position. De plus, l'édition de Doha a établit un nouveau « record » des Mondiaux avec 28 abandons, au-delà des 23 abandons en 2013, à Moscou et des 13 sur 92 participantes en 2017 à Londres.
En dépit d'une température dépassant les 32 degrés celcius et un taux d'humidité de 73%, Melanie Myrand a franchi la ligne d'arrivée de son côté en 27e position avec un temps de 2h57. Il s'agissait de son quatrième marathon en carrière. La canadienne Lyndsay Tessier, est arrivée en 9e position en 2:42:03, tandis que Sasha Gollish n'a pu terminer la course en raison de la chaleur.
Manifestement, Mélanie a fait preuve d'une remarquable force mentale et d'une combativité hors du commun. Plusieurs membres de la croix rouge étaient positionnés tous les 200 mètres, prêts à intervenir et bon nombre d'athlètes ont prêté main forte à l'équipe d'encadrement, ce qui a permis aux médecins de surveiller l'état de santé des marathoniennes en temps réel. Malgré ces nombreux dispositifs mis en place, les conditions climatiques ont fait souffrir la majorité des athlètes, ce qui a mené à 28 abandons sur ce parcours constitué de 6 boucles de 7 kilomètres. Ce contexte, certes, n'était pas optimal, témoigne Mélanie : « Pour la première moitié, j'avais de petits groupes de femmes avec qui courir, mais elles se dispersaient rapidement à cause du décrochage et du simple fait que nous devions boire de l'eau et du carburant quatre fois par boucle. Il était difficile d'avoir un rythme stable et c'est ce qu'on doit faire pour arriver au bout. Tout ce à quoi je pensais, c'était de ne pas décevoir mon entraîneur, mon mari, ma famille et mes amis. Je suis partie pendant un mois pour cela, je me suis entraînée tout l'été et j'ai pris un mois de congé. J'allais finir ce truc si je devais marcher! »
Malgré le fait que Mélanie soit parmi celles ayant terminé l'épreuve, elle garde un goût amer de ses 14 derniers kilomètres : « Je déteste l'idée d'exploser parce que cela signifie que je n'ai pas été assez conservatrice au début. Je pensais qu'un rythme 3:45-3:50 par kilomètre l'aurait été, mais si je pouvais remonter dans le temps, j'aurais commencé à 4 minutes par kilomètre et j'aurais peut-être fini plus équitablement et en meilleure position. C'est difficile de mesurer l'impact de la chaleur et j'ai tout de même fait de mon mieux », a-t-elle témoigné.
En revanche, son entraîneur, John Lofranco, a une vision plus globale et optimiste : « Je suis très honoré d'avoir contribué à sa performance. C'était probablement le plus grand défi de sa carrière à date et elle l'a réussi au-delà des attentes. Un top trente au monde était visé comme objectif, mais il a fallu tout un effort et une grande volonté pour y arriver! »
Et les olympiques?
Notre espoir olympique s'accordera un temps de réflexion (et de repos bien mérité!) : « Je dois encore discuter avec mon entraîneur, mais j'ai l'impression que l'équipe pour Tokyo est presque prête avec Rachel Cliff qui a couru 2:26, Lyndsay qui a fait partie des 10 meilleurs à Doha et très probablement la future gagnante du marathon de Toronto (à condition d'obtenir le standard). Je vais devoir décider quel est le meilleur itinéraire avec mon entraîneur, tenter de faire le standard olympique au printemps ou simplement me concentrer sur un autre marathon d'automne tel que Berlin afin que je puisse essayer d'obtenir mes 2h30 avant d'avoir des enfants ».
Crédit photo : Nicolas Morin