Succès québécois aux championnats canadiens : les jeux de la légion
9 novembre, 2018
Par Denis Poulet, responsable du Comité des records
Le camp de formation de la Légion destiné aux athlètes de moins de 18 ans a vu le jour en 1975 (voir l'historique sur le site de la Légion). On trouve la liste de tous les gagnants depuis le début sur ce site, ce qui permet de savoir que deux Québécoises ont remporté des médailles d'or à la première édition, à Waterloo en Ontario. Ce sont Sylvie Brouillette (disque et javelot U16) et Barb Young (javelot U18).
Il n'a pas été possible de dresser un tableau complet des médailles québécoises depuis le début. La revue de la Fédération s'intéressa peu à ces compétitions jusqu'au début des années 1980. Heureusement, le bilan est presque complet (il manque une année) depuis 1981, couvrant donc 36 années.
L'intérêt moindre dans les premières années vient peut-être du fait que les compétitions de la Légion n'étaient pas perçues comme de véritables championnats nationaux. De fait, ce n'est qu'en 2010 qu'elles acquirent le statut de Championnats canadiens cadets et juvéniles (ou jeunesse) officiels.
Peu importe, dès les années 1980, jeunes et entraîneurs considérèrent les Jeux de la Légion comme LA compétition de l'année. C'était la seule occasion d'affronter directement les meilleurs des autres provinces.
Médailles québécoises aux Jeux de la Légion de 1975 à 2018
En moyenne depuis 36 ans, les Québécois remportent 35 médailles chaque année aux Jeux de la Légion. Il est difficile de calculer ce que ce chiffre représente par rapport au total de médailles à l'enjeu, car le nombre d'épreuves a augmenté substantiellement depuis 1975. À l'origine il y avait 47 épreuves, en 1986 il y en avait 65, et en 2018, 84. Par ailleurs, des distances ont été modifiées dans les programmes, mais sans que ces changements affectent le nombre d'épreuves.
Les 35 médailles annuelles représentent 14 % des médailles d'un programme complet aujourd'hui, mais le pourcentage moyen est plus élevé si l'on considère qu'il y avait moins d'épreuves dans les décennies précédentes. En tout cas, on peut affirmer que, au cours de l'histoire, nos cadets et nos juvéniles ont connu plus de succès sur la scène nationale que nos juniors et nos séniors.
Il y a cependant des écarts importants selon les années. Avec 55 médailles en 1993, le Québec s'accaparait 27 % de toute la quincaillerie et finissait même en tête du tableau, devant l'Ontario (48 médailles). En 2015, à Sainte-Thérèse, le total s'éleva à 48, soit 19 %. À l'inverse, il y eut de « petites » années, comme 2010, où le Québec ne rapporta d'Ottawa qu'un maigre lot de 19 médailles (8 %), dont seulement 3 en or.
En 1986, les représentants du Québec dépassaient pour la première fois les 20 titres (21), « record » de médailles d'or qui ne sera battu qu'en 1993 (22). Dans les deux cas, les Québécois s'appropriaient près du tiers des médailles d'or. En 2015, nos représentants récoltèrent 20 médailles d'or, mais compte tenu du nombre d'épreuves (84), ce n'était que le quart des titres.
Les champions de 1993 (22 titres)
Cadets : Benoit Martel (100 m), Dominique Corriveau (1500 m et 3000 m), Michael Ciampini (1500 m), Julie Salvas (80 m haies), Santino Campanella (300 m haies), Équipe du Québec masculine (relais 4 x 100 m), Benito Labelle (longueur)
Juvéniles : Olivier Danis (3000 m), Pascale Farez (80 m haies), Andrew Lissade (100 m haies), Klaus Mueller (1500 m steeple), Marie-Ève Daigneault (1500 m marche), Marc-Antoine Ladouceur (1500 m marche), Équipe du Québec féminine (relais 4 x 100 m et relais medley), Équipe du Québec masculine (relais medley), Christine Gingras (longueur), Wilson St-Jean (longueur), Valérie St-Laurent (poids et javelot), Didier Boucard (triple saut)
Les champions de 1986 (21 titres)
Cadets : Mathieu Hurtubise (100 m), Christian Alain (200 m), Marie-Josée Pépin (80 m haies et longueur), Julie Côté (300 m haies), Équipe du Québec féminine (relais 4 x 100 m), Équipe du Québec masculine (relais 4 x 100 m et relais medley), Christian Alain (javelot)
Juvéniles : Robert Clark (200 m), Nathalie Rouillard (800 m), Brian Franklin (800 m), Caroline Fortin (400 m haies), Édith Montpetit (1500 m marche), Jules Riel (1500 m marche), Équipe du Québec masculine (relais 4 x 100 m), Christine Roberge (longueur), Michel Marquette (poids et disque), Isabelle Surprenant (javelot), Vincent Gadbois (javelot)
Les champions de 2015 (20 titres)
Cadets : Tatiana Aholou (100 m et longueur), Morgan Thompson (hauteur), Samuel Vallée (perche), Équipe du Québec féminine (relais 4 x 100 m et relais medley), Jade Custeau (1500 m steeple), Ashley Germain (pentathlon), Joshua-Adams Vancol (longueur)
Juvéniles : Parfaite Moussouanga (disque), Jordon Fisher (hauteur), Ivan Nyemeck (longueur et triple saut), Arielle Bykovskaia-Dominique (longueur), Mikella Lefebvre-Oatis (hauteur), Maude Croteau-Vaillancourt (javelot), Équipe du Québec féminine (relais 4 x 100 m et relais 4 x 400 m), Danika Guénard (3000 m marche), Laurent Grandmangin (décathlon)
Jonathan Charest roi de la Légion
Un athlète se démarque nettement dans toute l'histoire de la participation québécoise aux Jeux de la Légion. Jonathan Charest y a accumulé le total inouï de 13 médailles d'or, soit 8 individuelles et 5 dans les relais. Ce palmarès exceptionnel se détaille ainsi :
100 m : 2003, 2004, 2005
200 m : 2003, 2004
400 m : 2003, 2004, 2005
Relais 4 x 100 m : 2003, 2004, 2005
Relais 4 x 400 m : 2005
Relais medley : 2003
Il était vraiment doué ce Jonathan. Ses meilleures performances avant d'avoir atteint 18 ans étaient 10,97 au 100 m, 21,79 au 200 et 48,73 au 400. Certes, il est allé un peu plus loin ensuite (10,65 au 100 m et 21,19 au 200 m en 2007), mais il a abandonné le 400, et on ne l'a plus vu après 2008. Dommage!
Des athlètes qui se sont distingués plus tard au niveau international ont aussi connu de beaux succès aux Jeux de la Légion. Mentionnons Rosey Edeh avec 5 médailles d'or de 1980 à 1982 (1 au 100 m, 2 au 200 m, 1 au 400 m et 1 au 80 m haies), Michelle Fournier, elle aussi cinq fois championne de 1991 à 1994 (2 titres au poids et au disque et 1 au marteau), et Émilie Mondor, qui a réussi un triplé en 1998 chez les juvéniles (800 m, 1500 m, 3000 m); elle avait aussi gagné le 3000 m en 1997.
En conclusion
Pour clore cette série, il faut admettre que la récolte de médailles québécoises aux Championnats canadiens a pratiquement toujours été très inférieure à la proportion de la population québécoise dans l'ensemble du Canada. Mais, à toutes les époques depuis les années 1970, de belles individualités se sont manifestées à tous les niveaux. Et collectivement, il y a eu de magnifiques réussites collectives dans les relais à la Légion, où le Québec battait les fortes équipes de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.
Aussi, il y a une espèce de constance dans les prestations québécoises au fil du temps. Il y a eu de belles moissons de médailles à chaque décennie... tout comme il y en a eu de bien faibles. Et il faut peut-être déplorer les réussites sans lendemain, ces nombreux athlètes qui ont récolté quelques lauriers en championnat national, surtout à la Légion, mais qui ont abandonné par la suite ou dont les performances subséquentes n'ont pas été à la hauteur des espérances.
Un gros merci à Jacques Chapdelaine, qui m'a aidé à combler plusieurs trous dans les statistiques. Celles-ci sont toujours révélatrices, pour peu qu'on prenne le temps de les analyser. Elle nous enseignent d'où l'on vient et peuvent nous aider à savoir où (ou jusqu'où) on peut aller.
Fin de la série