Votre conseil d'administration au travail
11 avril, 2018
En entrevue avec Sylvain Proulx
Président du conseil d'administration de la FQA
Montréal (11 avril) - Chaque année, lors de l'Assemblée générale de votre fédération, de nouveaux administrateurs bénévoles sont nommés ou reconduits à leur poste comme membres du conseil d'administration. Ces personnes proviennent de divers milieux professionnels et rassemblent des compétences utiles à la bonne gouvernance d'une organisation comme la nôtre.
Vous vous demandez sans doute que font donc nos administrateurs toute l'année durant?
C'est la première question que nous avons posé à Sylvain Proulx, président du Conseil d'administration de la FQA.
SP: Depuis mon arrivée comme président du conseil d'administration en 2013, il y avait trois enjeux fondamentaux, trois piliers sur lesquels nos actions devaient porter, soit la gouvernance, le financement et la planification stratégique. Le plan stratégique, on l'a travaillé en communauté avec tout le monde. C'était le premier effort historique en ce sens-là à la fédération.
C'est ce qui a amené ensuite la création d'un premier comité, le comité aviseur. Le comité aviseur vient actualiser le plan stratégique, il vient le challenger, il vient le reprioriser. C'est un peu la reddition de comptes qu'on a au niveau de nos membres par rapport à la livraison de ce sur quoi on s'est engagé. Quand je dis on s'est engagé, c'est pour l'ensemble de la communauté, ce n'est pas un objectif qui est uniquement sur les épaules du bureau. Au contraire, c'est une responsabilité du conseil d'administration. Dans ce sens-là, la création du comité aviseur est un geste très concret posé par le conseil d'administration au cours des dernières années.
On greffe de plus en plus de gens qui participent à des comités externes, comme le financement et marketing, le comité de gouvernance et de mise en nomination ou le comité des présidents de clubs. Ce sont des gens de l'extérieur du CA qui apportent leur expertise et énergie pour faire avancer les projets. Ces comités sont en liaison étroite avec les gens du bureau pour faire le suivi des dossiers.
LG: Alors, tu peux nous parler maintenant de ce qui se passe dans les autres comités...
SP: Après le comité aviseur, un autre comité qui était très important pour moi, c'est au niveau de la gouvernance. J'ai souvent dit de la gouvernance à mon arrivée qu'il fallait absolument rehausser nos standards au niveau de nos administrateurs et s'assurer qu'il y ait une adéquation entre les compétences de nos administrateurs et nos orientations stratégiques. Il fallait y mettre les bonnes ressources pour atteindre les bons objectifs. En ce sens-là, le comité de gouvernance et de mise en candidature accomplit un excellent travail d'identification de l'expertise et des talents dont on a besoin. Je suis très heureux de voir l'évolution de notre conseil d'administration. On a autour de la table cette année, et je le dis sans prétention, le meilleur conseil d'administration que la fédé a eu. On a des expertises diverses, des gens qui ont à 75% été athlètes eux-mêmes mais qui sans être rattachés à des opérations en athlétisme, connaissent la réalité du sport et qui sont des passionnés du sport. On a de l'expertise en marketing, en gouvernance d'OBNL, en développement organisationnel et gestion de ressources humaines. On bénéficie de l'expertise d'un avocat, d'un comptable et de gens qui ont travaillé dans le domaine de la consultation en entreprenariat privé.
LG: Qui sont les personnes au comité de gouvernance?
SP: Actuellement, on retrouve Normand Dulude, Geneviève Guité, Shane Labelle, moi-même et le DG Marc Desjardins. Au-delà de l'aspect de mise en candidature et tout le dossier de gouvernance, il y a tout l'aspect statuts et règlements. C'est moins sexy mais tellement fondamental au niveau de la professionnalisation de notre fédération. Il y a un très très gros effort qui est fait présentement et l'arrivée de Normand Dulude dans ce dossier est un don du ciel. On voudra aussi appliquer les meilleures pratiques en gouvernance au niveau de nos clubs mais il faut commencer par soi-même.
LG: Qui sont les personnes impliquées au niveau du comité aviseur?
SP: On est très heureux que Jacques Petit se joigne au groupe cette année. Jacques n'a plus vraiment besoin de présentation dans notre milieu. Nathalie Normand, qui est une ancienne membre du CA et qui avait participé au travail d'élaboration du plan stratégique se joint à nouveau à nous. Il y a aussi M. Robert Bériau, un consultant possédant une longue expérience en gestion d'entreprises qui amène aussi une représentation régionale. M. Bériau est aussi commissaire de course sur route pour la FQA. Je suis très heureux de la constitution du comité avec l'apport de personnes comme Jean-Marc Chouinard, président de la Fondation Lucie et André Chagnon, Robert Demers, du conseil d'administration d'Athlétisme Canada et Claude Chagnon par exemple.
LG: Ces comités sont consultatifs ou décisionnels?
SP: Pour chacun de ces comités, il y a un président de comité qui vient déposer un rapport au conseil d'administration sur l'état d'avancement d'un dossier. S'il y a des décisions à prendre, on les adopte en conseil d'administration. Les comités ont vraiment atteint une vitesse de croisière et même si on a voulu monter ces comités il y quatre ans, ils n'ont pas tous été efficaces dans la première année. Par exemple, le comité financement et marketing est maintenant en bonne marche. Depuis l'an dernier et en particulier cette année depuis l'ajout de Christian Pichette, et plus récemment avec l'ajout de deux autres membres externes, ce comité a pris une autre vitesse. Ces comités travaillent et rendent maintenant le conseil d'administration plus efficace et pertinent. On est pas là pour se rencontrer quatre fois par année et seulement adopter des résolutions de budget et certaines autres recommandations. On est là dans l'action et on pousse la permanence de la fédération à plus de reddition et prendre des actions précises par rapport à certains dossiers.
LG: Il y a aussi un comité des présidents de clubs?
SP: Oui, le comité de développement des clubs, qu'on appelle comité des présidents de club, est présentement en plein chantier. Trois membres du CA y travaillent, soit Alain Perreault, Shane Labelle et Stephen DeBardi. Alain Perreault y accomplit un travail important, en liaison avec Abou Ngame. Ce comité a effectué un sondage utile auprès des clubs, il y a eu le démarrage du fonds de développement régional. Tout cela est issu d'une orientation du plan stratégique. On veut développer un partenariat avec les clubs et ça nous prend un axe qui sera développé par ce comité-là.
LG: Tu as mentionné le comité financement et marketing. Qui d'autre fait partie de ce comité?
SP: Récemment, Pierre Côté s'est joint au comité. J'ai invité Pierre à se joindre à nous pour travailler à notre réflexion sur notre stratégie philanthropique. Pierre est un ancien membre de l'équipe du Québec au décathlon et possède une expérience importante dans ce domaine puisqu'il est directeur général de la Fondation du Cegep Edouard-Montpetit. Il y a toujours deux dimensions dans ce domaine. D'une part, les sources de revenus additionnels qu'une fédération peut générer pour atteindre ses cibles. Il y a aussi une dimension de partenariats et commandites commerciales où nous devons revoir l'image et les opportunités d'affaires. On travaille aussi à développer une culture philanthropique. Un autre membre du comité, M. Luc-André Cormier, possède une bonne expérience comme consultant en marketing, et c'est aussi un ancien athlète et administrateur de club. La bonne nouvelle du côté de M. Cormier, c'est que c'est lui qui nous a approché.
LG: À quoi doit-on s'attendre de ce comité au cours des prochains mois?
SP: On ne peut pas faire d'annonce encore mais on discute d'une campagne philanthropique. Pour y arriver, il faut refaire le pont avec beaucoup beaucoup d'athlètes du passé et les reconnecter à la fédération. On veut aller plus loin en termes de mobilisation et les réintéresser à la fédération pour éventuellement en faire des partenaires au plan philanthropique.
LG : Les membres du CA sont-ils tous impliqués dans un comité?
SP: Oui, tous les membres du conseil sont impliqués dans au moins un des comités. Ça fait maintenant partie des exigences qu'on a mis en place pour les membres du conseil d'administration. Il n'est plus question pour un administrateur d'être là juste pour approuver ou désapprouver des politiques. Les comités ont des «livrables» avec des dates précises. Ça veut dire que ce ne sont plus juste le président ou le directeur général de la fédé qui animent les réunions du conseil d'administration.
LG: Depuis ton accession à la présidence du conseil de la FQA en 2013, qu'est-ce qui t'as le plus satisfait et dans la même veine, qu'est-ce qui t'as le plus frustré?
SP: Ce qui me satisfait le plus, c'est de voir l'évolution de l'ensemble de nos indicateurs. J'entends par là le dynamisme du bureau et du personnel. J'aime beaucoup la nouvelle «vibe» qu'il y a à la fédération. Par rapport à nos cibles, je suis aussi satisfait de l'état de l'évolution par rapport à notre plan. Notre plan est important dans la définition de ce que nous voulons être comme fédération. On a encore beaucoup de travail à faire mais je pense qu'on est sur la bonne voie pour atteindre plusieurs de nos cibles.
Pour ce qui est de ma déception, ça demeure notre rendement au niveau de l'excellence. On a encore beaucoup beaucoup de travail. Je trouve qu'on a pas pris le virage d'excellence. On est encore les parents pauvres de l'athlétisme canadien en dépit de notre poids démographique. Sur le tard, c'est une quatrième cible de notre plan stratégique qui est venue s'ajouter, soit d'atteindre 25% de la représentation au sein des équipes nationales. Au niveau junior, on s'est donné deux ou trois ans pour l'atteindre. C'est une déception mais il y a quand même de belles éclaircies par rapport à ça. On aura de plus en plus de reddition de comptes à faire. Athlétisme Canada est bien au courant de la situation et pourrait être un partenaire pour nous aider à relever le défi de l'excellence. J'ai quand même une frustration de voir notre représentativité à l'approche des championnats canadiens de 2019 et 2020 à Montréal.
Ce qui m'encourage, c'est qu'il commence aussi à avoir d'excellents entraîneurs qui arrivent dans le pipeline de l'excellence actuellement. Il y aurait beaucoup de travail pour assurer qu'il y ait une certaine stabilité au niveau de certains postes d'entraîneurs. C'est un gros chantier qui me tient à coeur.
LG : Il faudrait bien conclure. On voit bien que dans les coulisses de l'athlétisme, il y a pas mal de gens qui travaillent pour faire avancer les choses.
SP: On a changé la façon de travailler du Conseil d'administration. Entre le CA de complaisance, on est devenu un CA de gouvernance qui est tourné vers l'action.