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Marie-ève dugas: encore apprendre

Athlétisme Québec

Marie-ève dugas: encore apprendre

Par Fédération québécoise d'athlétisme

Notre contingent d'entraîneurs compte plusieurs anciens athlètes. On se dit souvent que c'est le cheminement le plus logique pour devenir un entraîneur mais ce n'est pas toujours le cas. Comment les anciens athlètes, de quelque niveau que ce soit, réussissent la transition vers le rôle d'entraîneur? Dans le cadre de la Semaine nationale de l'entraîneur, du 23 au 30 septembre, la FQA présente cinq anciens athlètes québécois qui ont fait le saut vers le rôle primordial d'entraîneur.

Marie-Ève Dugas a été athlète pendant 20 ans. Elle a gravi les échelons un à un pour devenir une championne universitaire et provinciale surtout au 100 mètres haies. Elle a représenté le Canada à sept reprises sur la scène internationale. Ses participations au Championnat du monde universitaire en Chine, en 2011, et aux Jeux de la Francophonie figurent parmi les deux moments marquants de sa carrière.

Depuis la fin de sa carrière d'athlète en 2015, Marie-Ève demeure engagée en athlétisme, comme entraîneur au sein de l'équipe de l'université McGill.

Après ta carrière d'athlète, tu étais déjà sur le marché du travail. Est-ce que tu pensais déjà à devenir entraîneur?

J'ai eu une belle transition d'après-carrière parce que justement je m'étais bien préparée. J'avais commencé à travailler quand j'étais encore à l'université de Sherbrooke. Quand je suis déménagée à Montréal, je travaillais à temps plein et je m'entraînais encore. Ce n'est pas moi qui a choisi d'arrêter l'entraînement, c'est mon corps qui m'a imposé cette décision. Mais j'étais toujours super-passionnée par mon sport et je n'aurais pas pu faire une coupure radicale.

Au fond, je me suis dit pourquoi pas redonner? Tout de suite après quelques mois pour me reposer, j'ai téléphoné à Dennis (Barrett) à l'université McGill. Je ne sais pas pourquoi, le milieu universitaire m'attirait particulièrement. L'ayant vécu comme athlète, je trouvais que le circuit universitaire était un super beau circuit à cause du mélange entre le sport individuel de l'athlétisme et le concept d'équipe dans les universités. Le fait de compétitionner pour toi et pour ton équipe m'a toujours beaucoup intéressée. 

Le hasard faisant bien les choses, la personne qui s'occupait des épreuves de haies venait de quitter. Il y avait une belle grande place pour moi et on m'a accueilli à bras ouverts.

Quels ont été les choses les plus difficiles pour toi au début de ton rôle d'entraîneur?

Dennis m'a bien intégrée. Au début, c'était un peu intimidant parce qu'il n'y a pas une grande différence d'âge entre moi et les athlètes. J'ai foncé et je me suis fait confiance. Je me suis dit qu'avec toutes les années d'expérience, je pouvais le faire. Plus ça allait, plus je prenais de l'assurance. Je me suis surprise moi-même parce que j'avais le syndrome de l'imposteur au début et je me disais que j'étais une ancienne athlète avant d'être entraîneur. J'ai utilisé plusieurs références de mes anciens entraîneurs Carole Crevier et Richard Crevier. Mon expérience d'athlète me servait aussi. Je voyais aussi les athlètes vivre des situations que j'avais vécues. Ça m'a beaucoup sécurisée dans ce que je faisais.

Je n'avais pas encore commencé le processus d'acquérir mes niveaux d'entraîneur. Là, ce que j'ai trouvé difficile, et je suis encore là-dedans, c'est tout ce qui est la planification annuelle, la périodisation. Je n'ai pas un «background» de kinésiologie ou d'éducation physique. Je me suis rendue compte de cela durant mes formations. Ceux qui avaient étudié dans ça avaient un avantage sur les autres. Je m'aperçois aussi qu'à part la formation d'entraîneur, je devrai aller chercher ailleurs pour acquérir des connaissances de base. 

Tu réalises que je tu ne peux pas être seulement dans l'instinctif...

Exactement. Je l'avais toujours fait en tant qu'athlète. J'ai toujours suivi les plans parce que je faisais confiance à mes entraîneurs. Je me rends compte maintenant qu'il y a plein d'aspects nouveaux pour moi et que je dois apprendre. Il faut que je puisse comprendre le pourquoi et le comment de chaque chose que nous faisons. C'est tout cela que je dois parfaire. 

Présentement, tu suis des formations. Qu'est-ce qui te manques pour devenir meilleure?

J'ai hâte d'entamer tout ce qui est plus technique, la planification annuelle, même la préparation physique. J'ai hâte d'être plus confortable dans tout ça. Parce que ce n'est pas seulement un atout, c'est la plus grosse base. Plus ça va, plus les années passent et je cumule de plus en plus d'expérience avec les athlètes. 

Comment composes-tu avec le fait que lorsqu'on est athlète on pense d'abord à soi-même et lorsqu'on est entraîneur, on pense à l'athlète?

Je trouve cela super intéressant de le vivre de l'autre côté de la médaille. Il y a plein de situations que je revois et où je me disais...ayoye! On sous-estime parfois à quel point l'entraîneur est un pivot essentiel! Je trouve ça tellement gratifiant comme sentiment  justement de ne pas penser à toi. C'est l'athlète avant tout, ses performances. Tu veux qu'il se rende le plus loin possible. Tu veux l'accompagner physiquement autant que psychologiquement et être présent pour eux dans plusieurs aspects. Ça me permet de relativiser certaines choses que je vivais comme athlète et de les revoir. Dans certaines situations, je trouve ça même très drôle.

Quant au fait que tu sois entraîneure féminine, est-ce que ça change des choses dans la relation avec les athlètes?

Oui, je pense que oui. Je me le suis fait dire autant par les athlètes féminines que les masculins. Veut veut pas on a une approche différente. La relation est différente. Je suis quelqu'un de très à l'écoute et je pense que c'est quelque chose qui manquait peut-être à McGill...C'est peut-être pas tant du fait que je sois une femme que c'est dans ma personnalité. Les athlètes me disent que ça fait du bien d'être écouté.

Cet été, tu as vécu une expérience nouvelle. Tu as été avec l'équipe du Québec aux Jeux du Canada. Tu as travaillé avec des jeunes qui ne sont pas universitaires. Comment as-tu trouvé cette expérience?

J'ai vraiment trouvé ça génial. Une super belle expérience. J'ai énormément appris sur moi et sur beaucoup d'aspects. J'ai adoré voir comment les autres entraîneurs agissaient. J'ai pu observer des entraîneurs qui ont plus d'expérience que moi comme Annie (Potvin), comme Nicolas (Harel). Chacun a sa façon d'intervenir et j'ai trouvé qu'on avait un très beau groupe de jeunes. Ils nous faisaient super confiance et ils venaient nous demander conseil même si on n'est pas leur entraîneur personnel. Durant ces dix jours, ils nous font confiance pour qu'on puisse les aider à performer au maximum. J'ai aimé aussi voir chaque athlète être différent, agir différemment, avoir besoin de conseils différents. J'ai vraiment aimé intervenir avec une clientèle autre que l'athlète universitaire. Et puis ce sont des athlètes d'un haut niveau. Ç'a été vraiment une expérience enrichissante.

Présentement, tu es surtout identifiée comme entraîneure à l'université McGill. Comment vois-tu ton cheminement d'entraîneur?

C'est une bonne question. C'est certain qu'avec un travail à temps plein, c'est quand même assez prenant. Je suis coach universitaire environ six mois par année, de septembre à avril. Pour l'instant, je prends les années une à la fois mais j'aime vraiment vraiment beaucoup ça et je ne me verrais pas quitter ce rôle dans l'immédiat. Honnêtement, le coaching me fait vraiment «tripper». C'est sûr que d'avoir fait les Jeux du Canada avec l'équipe du Québec, ça m'a vraiment donné la piqûre et je me dis que je vais tenter d'en faire d'autres et si ça marche tant mieux! Ça m'a ouvert d'autres horizons.

 

 

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